samedi 27 juillet 2013

20, rue du Port de l'Ancre

 Le 9 juillet dernier, les maisons réquisitionnées de la rue d'Orgemont, à Angers, ont été évacuées manu militari. Aucun habitant n'a eu de proposition d'hébergement, alors que d'autres, notamment les Rroms ont été forcés de quitter le territoire national en passant par les Centres de Rétention Administrative. Certes, de nouveaux préfabriqués ont été posés dans le quartier Saint Serge, à proximité du Multiplexe Gaumont. A entendre l'équipe municipale, ils auraient vocation à répondre de manière pertinente à la situation...

Aussi, depuis maintenant une dizaine de jours, de nouveaux espaces (d'anciens locaux associatifs) ont été ouvert pour permettre aux uns et aux autres de trouver refuge et ainsi de se protéger de la rue, de la nuit, de la chaleur.

Dès le 22 juillet, plusieurs habitants étaient convoqués au tribunal. Un report a finalement été décidé pour le lundi 29 juillet 2012, à 14h, au Tribunal de Grande Instance.

Une fois encore, force est de constater les profondes divergences qui existent entre les visions, d'une part, des « pouvoirs » locaux et « décideurs » politiques, et d'autre part, des associations et autres soutiens aux migrants, aux personnes démunies ou en situation de vulnérabilité sociale. Les manières d'appréhender ces réalités sont radicalement différentes et s'opposent sur de nombreux points.

Depuis de trop nombreuses années maintenant, des dizaines de personnes, plusieurs dizaines voire centaines de personnes sont privées de leurs droits et ne peuvent s'abriter, être hébergés, ou encore être accompagnées dans leurs démarches. Sur Angers, les squats s'ouvrent année après année, se referment et les problèmes demeurent. Qu'ils soient quelques uns ou plusieurs dizaines, jeunes et moins jeunes, avec ou sans enfant, adolescents, jeune adultes ou vieillards, femmes ou hommes, ces personnes doivent bénéficier de droits que l'on pourrait qualifier d'inaliénables, ce sont les droits humains fondamentaux.

Que l'on soit rrom, demandeur d'asile ou nomade, si les difficultés sont différentes, ils se retrouvent souvent à partager des tranches de vie quotidienne. Les réquisitions en ce sens permettent de se « confronter » aux autres, à d'autres cultures, d'autres représentations, de partager et ainsi de fonder un être-ensemble.

Les 20 et 22 de la rue du Port de l'Ancre ont ouvert leurs portes pour accueillir ces « nouveaux » habitants. Ironie de l'histoire, à quelques pas de là, un ancien squat qui avait accueilli une quarantaine de somaliens et de soudanais est toujours muré 3 ans après l'expulsion. Comme quoi la notion d'urgence pour récupérer un bien immobilier ne doit pas avoir la même signification pour tout le monde.

Les élections municipales approchent... L'équipe municipale, si elle avait osé, aurait pu afficher dans son bilan « zéro personne à la rue à Angers »; mais cela nécessite d'avoir le courage d'aller à contre courant de la xénophobie si largement répandue sous Sarkozy et poursuivie sous Hollande. Ce qui est plus grave et sans doute plus inquiétant, c'est qu'à droite comme à gauche, cette politique n'a qu'un objectif : celui de séduire sans doute un certain électorat.

Chacun de nous a le devoir de s'exprimer sur cette question. Est-il légitime de laisser ces personnes à la rue ? Est-il pertinent de ne proposer que des préfabriqués en guise d'hébergement et d'oublier toute dimension individuelle et sociale ? De les stocker comme des « paquets de viande » entre 9h du soir et 7h du matin ? Peut-on continuer de laisser faire et de ne pas agir davantage ? Certains font des choix et s'engagent, d'autres sont absents, sourds et aveugles, d'autres encore n'osent y croire et doutent...

Qu'importe, l'information doit passer. C'est un premier pas...


Rendez-vous lundi 29 juillet, à 14h, 
Au Tribunal de Grande Instance, à Angers

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